Rarement on aura attendu si fébrilement une nouvelle aventure de l'agent secret adepte du cocktail vodka martini "Au shaker, pas à la cuillère". Après la ringardisation par la relève "Jason Bourne", puis son retour inespéré en 2006 avec un "Casion Royale" de grande classe, la saga flanchait sur un "Quantum of solace" passable et inutile, la grève des scénaristes ayant frappé de plein fouet la production. La mise en chantier de ce 23ème opus n'a pas été de tout repos non plus; les soucis financier de la maison mère MGM ont bien failli clore à jamais une saga qu'on croyait éternelle. Et pourtant, grâce notament à Craig qui a su porter sur ses épaules la production, le film a réussit à passer les obstacles et s'offre en plus une dream team cinématographiques à tous les étages ; Sam Mendes "American Beauty" à la réalisation, Thomas Newman "Les évadés" à la musique, Roger Deakins le chep op' des Coen à la photo (pour ne citer qu'eux) tous venus sublimer le jeu d'un Daniel Craig au sommet de sa carrière (après être passé chez Fincher) et d'un Javier Bardem en méchant glaçant. On y croit. Surtout après la grosse déconvenue du concurrent "Jason Bourne" après un dernier volet honteux, il est l'heure pour James de montrer qui est le patron.
26 octobre, sortie internationale, première séance. Il est 10h30 et j'ai encore les traces d'oreiller sur la joue et le gôut du dentifrice dans la bouche.
Le film nous offre comme d'habitude une séquence d'intro époustouflante. Ici tous les codes de 007 sont respectés dans une course-poursuite qui lorgne plus du côté des classiques de la saga que de "Jason Bourne" dont "Quantum of Solace" avait peiné à recopier le style (caméra épaule etc...). Gros hommage aux opus précédent donc, qui se conclut pourtant par la disparition du héros (ceci n'est au passage nullement un spoil, tout est dit dans la BA et représente la base même du film). Car oui le film tente autant que possible de réinventer le héros. Le faire renaître. Mais pour cela il ne fait pas comme pour "Casino Royale" qui partait sur des bases rénovées surtout dans la forme. Ici le film s'efforce à déconstruire son héros et son entourage pour mieux le rebatîr. Exit donc toute allusion au complot Quantum devenu fumeux et peu fertile. Intrigue nouvelle, quête d'identité et combat quasi fratricide cohabitent ici dans un mélange homogène et rythmé. Car, comme tout film de la saga, ce "Skyfall" nous offre des séquences impressionnantes et hors normes ; mais ce qui marque ici c'est cette volonté d'ancrer notre nouveau 007 dans un style plus "réel" (tant qui peut l'être) et plus âpre, surtout dans une partie finale qui détone avec tout ce qu'on a pu voir aux longs des 22 précédents ; pas de gadgets, une mise sous tension progressive avec une construction digne des meilleurs Survival. Cette séquence n'est pas sans rappeler "La mémoire dans la peau", effet appuyé par l'introduction de Albert Finney acteur transfuge de la jeune saga. Le film utilise alors des métaphores fortes ; au sens propre (avec la destruction de codes légendaires) comme au figuré c'est un retour aux sources pour dynamiter un personnage qu'on croyait figé.
Hommage à la légende et révolution de la saga. Quoi de mieux pour fêter le 50ème anniversaire du héros au flegme légendaire?