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9 janvier 2016 6 09 /01 /janvier /2016 04:02
Joy ***

David O. Russel est un réalisateur que j'affectionne particulièrement depuis son magistral "Fighter" qui signa son retour après 10 ans de traversée du désert, après... "Les rois du désert" en 1999. Ça ne s'invente pas. Depuis son coup de maître en forme d'uppercut, David O. Russel aligne les films et les nominations aux Oscars. Pourtant, il ne m'a jamais vraiment convaincu avec ses derniers films... D'un "Happiness Therapy" un peu fouillis, mal rythmé, à son "American Bluff" qui livrait des performances d'acteurs mais se perdaient sur la longueur, je n'arrivais pas à retrouver les sensations, surtout en terme d'émotions, que j'avais pu avoir sur "Fighter".

L'accueil de ce dernier film est assez mitigé, les critiques sont divisées. Pourtant, malgré ses défauts, le film apparaît comme le mieux construit de ses dernières livraisons.

 

Le problème chez Russell c'est qu'il semble bloqué sur des thèmes qu'il ressasse à chaque film. Et "Joy" n'est que l'addition de ses obsessions ; le clan familial et sa nocivité, les relations fratricides, les années 80's... C'est devenu son credo et le problème c'est qu'il commence à tourner en rond. Il reprend ici le schéma de "Fighter" en plongeant son personnage dans un combat "seul contre tous" jusqu'au succès (ou échec) final. Le problème ici c'est que ce combat est un combat purement mercantile, vu qu'on veut savoir si elle va réussir à faire prospérer son business ou non. Le film peut paraître de cet angle un peu superficiel, tant il semble absorber par cette notion capitaliste et ce besoin de réussite avant tout. La phrase de début "je n'ai pas besoin de Prince Charmant" apparaît alors comme un aveu sur le fait que sa carrière passera avant l'Amour.

Joy ***

Pourtant, le réduire simplement à cela serait dommage. Car derrière cette façade assez froide, se cache un portrait de femme assez incroyable. Le film, pour rappel, est inspiré de la vie de la vraie Joy (Mangano) et dresse (pour la partie fictionnée) le portait d'une femme qui doit gérer sa vie de mère de famille divorcée, qui galère entre son boulot, ses parents à gérer, sa demi-sœur peste. Le film arrive assez bien à saisir ce quotidien de l'enfer banal et ce besoin de d'en sortir par soi-même alors que tout va de travers. Et le pire c'est que Russell arrive à nous tenir avec cette saga pour la vente... d'un balai. Et, n'en déplaise à certains, ça fonctionne. Pendant plus de 2h, Jennifer Lawrence nous absorbe littéralement et arriverait à nous faire appeler son numéro surtaxé pour acheter la serpillère magique. L'empathie est forte (malgré les ressorts un peu superficiels évoqués plus haut) et on vibre avec elle sur ces montagnes russes émotives (entre succès et échecs). Ce film est un hommage au combat ordinaire de certaines femmes, et sans être féministe, il sublime ce combat de femme moderne. La phrase de début "je n'ai pas besoin de Prince Charmant" apparaît ici comme une démonstration d'indépendance dans une société patriarcal.

 

Sur la forme Russell arrive à maintenir un rythme assez dingue (parfois même les scènes se succèdent avec trop de rapidité) avec sa réal enlevée et des sons pops qui lui sont chers. Seul bémol, le flash forward final [SPOILER] sur le succès de son entreprise à venir, où on la voit en boss assez directive - mais toujours humaine [FIN DE SPOILER] qui fait retomber d'un coup le script sur son défaut principal qu'est la course à la réussite, et sous entendu, à l'argent. Le film, en s'en tenant à quelques cartons pour expliquer la suite de la vie de la vraie Joy, aurait gagner en puissance symbolique en évitant cette parenthèse inutile.

 

Rythmé, admirablement mené par Jennifer Lawrence qui trouve ici un grand rôle, le film s'en sort plutôt bien face à son script qui lorgne (un peu trop) sur l'ode à la réussite à l'américaine. David O. Russell, malgré son recyclage thématique, retrouve ici un peu de fraicheur et emporte la mise au final, même si on est loin du KO qu'il nous avait infligé avec "Fighter".

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