"Polisse" ****

Avec un sujet créant forcément le consensus (la défense de l’enfance), on pouvait s’attendre ce que le film use de la facilité mélo évidente de son sujet. Mais Maïwenn, comme à son habitude, ne fait rien comme les autres, et trouve ici enfin la justesse et le liant qui faisait défaut à ses autres films (« Le bal des actrices » ne se cantonnant souvent qu’à une succession de sketch).

Le film bouleverse sur bien des points, utilisant une sorte d’ascenseur émotionnel éprouvant mais efficace, du passage du rire (de leur vie quotidienne) aux larmes (des témoignage et des situations déchirantes) en quelques secondes, rendant le film chaotique, instable, et donc diablement puissant. Cette forme épouse avec brio le quotidien d’un service qui ne sait jamais à quoi va ressembler leurs journées bercées par les viols, les maltraitances… et qui doivent absolument chercher les moyens (propre à chacun) d’évacuer ces atrocités qui empiètent sur leur quotidien.
Le traitement quasi documentaire (les situations sont tirées de faits réels) est renforcé par l’introduction de Maïwenn en tant que photographe dans le groupe, sorte de mise en abîme sur le métier de réalisateur qui doit mettre en images l’affreux en essayant d’échapper au misérabilisme. Dommage qu’au final son personnage s’étiole petit à petit, mangé par le reste du groupe.

Le film est surtout pas une collection d’acteurs épatant (Joeystarr/Viard/Foïs en tête) qui servent des personnages complets, complexes, et surtout ayant une personnalité et un vécu propre au-delà du cadre de l’intrigue même (et non pas au service de celle-ci) ce qui rend le réalisme des situations troublantes de vérité.

On passera alors sur quelques facilités de clichés de certaines situations, sur le bordel relatif des intrigues annexes, sur une photo pas toujours parfaite.
On gardera alors ce gout amer, âpre, que nous laissent ces scènes de vie qui en disent long sur l’humain et sur les atrocités qu’il est capable de faire…

Bande Annonce de Polisse de Maïwenn par sortiescinema