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8 octobre 2014 3 08 /10 /octobre /2014 17:30

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Xavier Dolan. 25 ans. 5 longs et quasiment autant de participation au festival de Cannes (mais ici pour la première fois en compétition). Alors dit comme ça, ça impressionne. Oui mais voilà, il a aussi tout du réal over-hypé, salué par une critique pointue mais finalement peu connu du large public. Alors oui, je l’avoue, Dolan était pour moi l’archétype du réal arty, au cinéma un peu hermétique dédié aux bobos branchés. Et du coup je n’avais jamais vu un de ses films. Mais face aux échos unanimes qui fusent autour de son dernier film depuis juin dernier (certains crient même au scandale quand le film n’obtient pas la Palme d’or mais « seulement » le Prix du Jury), difficile de ne pas résister. Sans compter que le ciné québécois de ces dernières années a su impressionner (cf. Denis Villeneuve « Incendies » / « Prisoners » / « Enemy »). Du coup le jour de la sortie je résiste à la tentation Fincher (c’est dire que le film m’intrigue), et file voir « Mommy ».

 

« Mommy » suit donc Diane, une veuve qui va récupérer la garde de son fils Steve qui souffre de TDAH et accessoirement très violent. Ambiance.

 

Alors commençons déjà par le premier choc du film, son format « carré » 1:1. Oui Dolan, au lieu d’élargir son cadre façon cinémascope comme certains réals adorent, a choisi à l’inverse de restreindre son cadre à un carré, rappelant un cadre utilisé par certains photographes. Alors oui le concept même peut paraître audacieux, voire un peu prétentieux, mais les premières images parlent d’elles-mêmes... C’est tout simplement somptueux. En cassant complètement le cadre classique, il compose une des plus belles images qu’il ait été donné de voir cette année au cinéma. Son concept répond à une volonté de « coincer » ses personnages, qui sont sous pression constante face aux troubles du jeune Steve, et de les isoler au maximum. Grâce à un travail d’orfèvre au niveau du point, Dolan réussit à filmer chaque personnage avec une profondeur de champs très réduite, ce qui accentue encore plus l’effet recherché. Chaque composition de plan tient du génie, et le montage (de Dolan encore une fois) ne fait que sublimer ce travail de chaque instant. Jamais hautin, le film ne s’enferme pas dans une image ou un montage austère. Au contraire le film est (en terme artistique) finalement très accessible contrairement à ce qu’il peut faire paraître ; une des seules références ciné est « Maman, j’ai raté l’avion » (oui oui !), la bande son est très pop (on y chante même de Céline Dion) et le rythme toujours bien maitrisé.

 

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Mais tout ça pour quoi ? Alors difficile de parler du contenu du film sans trop déflorer l’histoire. C’est tout simplement saisissant. Il évite admirablement le pathos mais son film est bouleversant sur bien des points. Sur la relation d’une mère face à son fils d’abord. Face à son fils atteint de troubles (ce n’est quasiment plus le même), aussi. C’est un portrait de femme qui va de l’avant malgré toutes les embuches. Et qui garde espoir. Le trio d’acteurs, Anne Dorval en tête, est stupéfiant, le jeu est d’une justesse et d’une intensité rare. « Ce n'est pas parce qu'on aime quelqu'un qu'on peut le sauver » lui lance une assistante sociale en début de film. Elle fera pourtant tout pour lui prouver le contraire. Bref je ne parlerais pas plus du contenu tant le film est dense et touchera chacun à sa manière. Pendant de longs jours après visionnage je pense même.

 

« Mommy » est au format carré 1:1, en français sous-titrés car on ne comprend pas la moitié des mots, a été récompensé à Cannes. Bref le film avait tout pour finir avec 3 sourires dans le Télérama posé dans la salle d’attente de mon médecin, et 4 personnes en salles. Au lieu de ça le film ne prend jamais de haut et compose une image pop autour d’un thème aussi lourd que bouleversant. D’une maturité rare sur tous les points, Xavier Dolan vient de frapper un grand coup. Là droit dans le cœur. Et ce mec a 25 ans.

 

 

Film vu en VOST, Pathé Boulogne, Salle 2

Fiche Allocine

Fiche IMDB

 

 

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